Pendant la guerre 1914 : l’institutrice
Jeanne Suraud nous raconte

Origine des textes

Ces huit textes de Madame Jeanne Suraud, institutrice à Vindelle durant la guerre 1914 -1918, m’ont été remis il y a quelques années par un jeune étudiant de Balzac,
Mickaël Giraud, suite à ses recherches aux Archives Départementales.

Je demande instamment que cette origine soit mentionnée lorsque ces textes seront ou utilisés par le biais d’un autre média, à des fins scolaires, pour un usage privé ou public.

À Vindelle le 21 septembre 2007,
Jacqueline Gois, adjointe au maire, en charge de la Communication.

Guerre 1914 – 1918 :
la mobilisation

1er août 1914 à 7 heures du soir, arrivée en automobile du gendarme porteur des affiches de mobilisation. En quelques minutes, la grande majorité des habitants du bourg est sur la place. Immédiatement les hommes de la réserve de la territoriale désignés pour le service des voies ferrées, se réunissent et s’entendent pour partir afin de rejoindre leur poste. Départ du bourg à 8h½ du soir. Les cloches sonnent lugubrement ; le tonnerre gronde ; ils partent malgré l’orage menaçant.
2 août 1914, au matin, départ des chevaux pour la réquisition ; pas une récri
mination, et pourtant plus d’un paysan ou d’une paysanne a les yeux pleins de larmes en se séparant de ses braves compagnons de travail.

3 août 1914, départ de la réserve de l’active à 5h½ du matin. Détails émouvants et scènes d’adieu poignantes : un père attèle sa voiture et conduit ses deux fils (hélas, l’un des deux devait être tué le 8 septembre suivant) ; un autre dont le cheval a été réquisitionné la veille, conduit à pied son fils et porte sa musette (celui-ci devait mourir le 22 novembre d’après)… 

Tous ceux qui restent les regardent partir les yeux pleins de larmes. Lorsque les voitures ont disparu, plus d’une mère ou d’une jeune épouse s’écroule sur une chaise en sanglotant.

Puis chaque jour de la semaine, nouveaux adieux, nouveaux départs. Un père, qui laisse un enfant de 12 ans avec sa mère, dit : « J’aime mieux que ce soit moi que l’enfant qui parte ; peut être quand il sera en âge d’être soldat, n’y aura-t-il pas de guerre possible, si celle-ci est bien menée. »

Le temps a passé. Plus de 3 ans se sont écoulés depuis la mobilisation. Presque dans chaque maison il y a des absents ; beaucoup de familles sont en deuil. On attend les permissionnaires avec impatience. Mais la permission finie, le soldat part de nouveau. Pas un jamais n’a déserté son poste, n’a reculé son départ de quelques jours. Tous ont fait bravement leur devoir ; plusieurs ont eu des citations et la croix de guerre. Plusieurs aussi, hélas, ont payé de leur vie leur dévouement à la patrie.

Vindelle le 25 septembre 1917

Lire les écrits du 21 septembre 1917

Guerre 1914-1918 :
vie économique et sociale

Août 1914. Situation économique : Les moissons inachevées, les rentrées des récoltes, les battages, tout s’est effectué en son temps, malgré l’absence de bras solides et d’animaux. Tout le monde remplit son devoir avec courage. Jamais peut-être on n’avait vu ici un pareil élan de solidarité : les vieilles querelles, les vieilles rancunes personnelles sont oubliées et tout le monde s’aide : on voit un professeur de lycée en vacances charger les gerbes de blé de son voisin déjà âgé et fatigué : « Vos fils sont à la frontière pour nous défendre, il est juste que nous vous aidions, dit-il. » Une jeune collégienne de quatorze ans garde tous les jours des vacances les vaches de sa voisine trop occupée par les travaux des champs.

1915-16-17. Le travail persévérant, tenace de nos paysans ne cesse pas un instant. Les champs ici n’ont pas souffert. Mais les femmes sont fatiguées et elles ont la peau plus brunie et les cheveux plus blanchis qu’avant la guerre. De même les vieillards se courbent de plus en plus. Les enfants sont devenus plus vigilants et adroits aux travaux des champs bien plus tôt qu’autrefois. On s’aide encore entre voisins. Mais est-ce lassitude ? on sent moins de désintéressement qu’en 1914.

Pendant les vacances de ces années 1915.16.17, l’institutrice a continué comme en 1914 à prendre part aux travaux des champs et à la garde des troupeaux et des enfants jeunes qui ne sont qu’une gêne pour leurs parents au travail, toutes les fois que les circonstances ou ses loisirs le lui ont permis.

Et notre campagne de Vindelle reste aussi belle qu’autrefois ; les champs n’ont pas souffert. C’est qu’ici chacun cultive lui-même sa toute petite propriété, et personne ne veut laisser se perdre le petit bien familial ; ceux qui restent veulent que les absents au retour retrouvent leurs champs en bon état, et des récoltes dans les granges pour assurer leur aisance ; aussi ils travaillent sans compter chaque jour de l’année, de tout leur courage, ne se doutant même pas qu’ainsi ils accomplissent au plus haut point leur devoir de bons français, puisqu’ils maintiennent la vie économique de nos campagnes.

Vindelle, 25 septembre 1917

Pendant la guerre :
les réfugiés

19 janvier 1915, 3 heures de l’après-midi ; un groupe de belges arrivent sur la place de Vindelle. L’institutrice qui a été avertie par Monsieur le Maire, de l’arrivée probable de réfugiés dans le courant du jour, sort pour les recevoir. Ils sont exténués. Il y a là 1 homme, 2 femmes, 7 enfants. La plus jeune n’a que 4 ans. Ils ont fait à pied le chemin depuis la gare (5 km). Ils viennent par le train de La Palice et par bateau de Calais. Ils sont restés plusieurs mois aux environs de Furnes ravitaillés par nos soldats. On comprend qu’ils sont à bout de forces. Des curieux les regardent. Il fait froid ; ils sont gelés , ils ont faim. l’institutrice les emmène dans la mairie, fait du feu, leur apporte une collation. Ils ne comprennent pas un mot de français. Seul, un des enfants (10 ans) comprend et prononce quelques mots.

Puis il faut s’occuper de leur installation, de leur souper, de leur coucher. Le garde champêtre arrive et s’occupe de leur trouver un local. La literie est fournie par l’institutrice et 2 ou 3 autres personnes. Le souper est offert par l’institutrice comme l’a été la collation. Le lendemain, il faut s’occuper de leur procurer les divers objets indispensables. L’institutrice doit y participer pour une très large part : matelas, couvertures, batterie de cuisine, lampe, linge, etc… elle dévalise littéralement son chez elle pour les installer. C’est qu’elle est là près d’eux, voit leur dénuement et s’en émeut.

D’autres pourraient donner plus qu’elle : peut-être ne se rendent-ils pas compte de la misère de ces malheureux, n’ayant pas souffert eux-mêmes. Et comme ces malheureux ne peuvent se faire comprendre, peu de personnes viennent les voir ; ou viendrait causer avec eux, leur faire dire quantité de choses, et comme ils sont muets et un peu ahuris, on oublie qu’ils ont des besoins.

Pendant 5 semaines, ils attendent le paiement de l’allocation. Les enfants de l’école, quelques voisines et voisins, (le curé, l’institutrice, 2 ou 3 autres) les aident à vivre ; confitures, viandes, légumes, bois, leur sont ainsi donnés. Enfin ils touchent l’allocation, ils pourront vivre. 5 autres enfants envoyés dans d’autres localités leur sont rendus. Les 2 familles s’installent chacune dans un local. Les grands travaillent comme journaliers. Les enfants viennent en classe. Ils parlent, ils lisent, ils sont de bons petits écoliers.

Et depuis bientôt 3 ans, ils vivent ainsi, jouissant toujours du matériel mis à leur disposition par les personnes qui s’étaient intéressées à eux le jour de leur arrivée.

Vindelle, 25 septembre 1917

Pendant la guerre :
secours aux blessés

15 août 1914. Réunion à l’école des filles de dames de la commune dans l’intention de faire une collecte pour les blessés. L’initiative en avait été prise par Madame Garraud la directrice du collège de jeunes filles dont l’établissement est transformé en hôpital ; – Melle Vincent, sollicitée par la présidente de la Croix Rouge d’Angoulême ; – et Mme Suraud, institutrice.

La collecte faite dans toute la commune donne 325 f 25 c d’argent et une grande quantité de linge qu’il faut arranger. Ces dames se réunissent à l’école pendant 3 jours pour raccommoder et ranger.

Puis le 22 août 1914, Melle Vincent se charge d’emmener dans sa voiture les 3 lots préparés. Sont déposés au collège : 171 f (produit de la collecte de Mme Garraud) ainsi qu’un lot important de linge ; à Chavagnes pour la Croix Rouge 94 f 25 c et un lot semblable au précédent ; à l’inspection académique pour les hôpitaux temporaires : 100 f et un 3e lot de linge comprend : 2 douzaines de draps, 3 douzaines de chemises, environ 2 douzaines de torchons, un paquet de nappes, un paquet de toile pour pansements, quelques oreillers, etc …

En septembre 1914, nouvelle collecte pour l’hôpital installé à ma Campagne. On remet 15 f, un lot de linge et des fruits en abondance : raisins, pêches, pommes.

En octobre, au même hôpital : raisins, pommes, noix, etc …un lot important de couvre- pieds, couvertes, une quarantaine, remises à la préfecture le 28 octobre par Mr Terracher.

23 octobre 1914, remis à l’auto de l’hôpital de ma Campagne un dernier envoi de fruits : raisins, pommes, noix, etc …
Pendant l’hiver qui suit les élèves de l’école et les jeunes filles de la commune tricotent à qui mieux mieux pour que bon nombre de chaussettes, passe montagnes, gilets, cravates, ceintures, etc … soient remis à l’administration militaire pour nos soldats.
Pendant l’hiver 1915 on confectionne à l’école un lot de sacs à terre.

Puis, peu à peu, les enfants et la population se consacrent surtout à la confection de tricots pour le père, le frère ou le mari qui sont au front. Il semble que l’égoïsme familial gagne un peu. Je crois qu’il n’en est rien ; mais on se dit que le service de l’intendance doit être à même de faire face aux difficultés présentes. Et d’ailleurs en travaillant pour son soldat ne travaille-t-on pas pour tous.

Vindelle 25 septembre 1917

Guerre 1914-1918 :
l’assistance

1914. Fin août et septembre 1914, les femmes des mobilisés absolument sans ressource demandent à toucher l’allocation et la majoration pour leurs enfants, ce qui leur est accordé.

Dans le courant de l’hiver 1914- 1915, beaucoup de femmes de mobilisés très peu aisés demandent à leur tour l’allocation qui leur est accordée après enquête.

Au printemps et à l’été 1915, les femmes des mobilisés qui possèdent une petite propriété demandent à leur tour l’allocation. Elles font toutes cette même observation : si la guerre n’avait duré que quelques mois nous aurions accepté tous les sacrifices.

Mais elle dure toujours. L’absence du mari ou du fils aîné, quelquefois des deux, se fait sentir cruellement ; on veut lui envoyer quelques colis, un peu d’argent ; et on ne peut plus y suffire. La main d’oeuvre est extrèmement chère, et pour que les champs soient cultivés il faut des journaliers, des ouvriers agricoles. les frais de toutes sortes absorbent la grande majorité des ressources. Faut-il donc dépenser le peu d’économies acquises avec tant de peine par le labeur incessant du chef de famille maintenant soldat ?

Et quand il reviendra fatigué et peut-être malade, vieilli, quelle sera son impression s’il trouve la gêne, les dettes, la ruine, là où il avait laissé une certaine aisance ?

Voilà les raisons invoquées de ces femmes de paysans qui n’étaient aisés que parce qu’ils avaient beaucoup travaillé et dont l’aisanceaurait totalement disparu si on n’avait pas aidé leur famille pour suppléer un peu au travail de l’absent.
Aussi les allocations ont été toutes accordées.

À part quelques familles réellement très aisées, les familles des mobilisés sont donc assistées. Grâce à cette aide, la petite aisance familiale sera conservée ; l’amertume et le désespoir ne trouvent pas place dans les coeurs, chacun garde intact son courage au travail. Jamais les femmes des mobilisés de nos campagnes n’avaient tant travaillé que depuis la guerre parce qu’elles sentent qu’elles conservent la propriété de leur intérieur et que l’avenir de leur famille est assuré. Grâce aux allocations dans nos campagnes la classe moyenne sera maintenue et c’est elle qui assure la prospérité de nos petites cités villageoises.

Vindelle, 25 septembre 1917

Pendant la guerre :
les garderies

Août et septembre 1914 – Une garderie est organisée à l’école de filles. Les enfants y sont reçus tous les jours depuis l’âge de 3 ans. Ils jouent sous la surveillance de la maîtresse. Une seule petite fille âgée de 4 ans fréquente régulièrement la garderie. La maman, une journalière dont le mari est au front, la conduit le matin à 7 heures, et ne la reprend que le soir après 8 heures ; aussi il faut s’occuper de la faire manger, la soigner complètement.

D’autres jeunes enfants viennent souvent jouer sous la surveillance de la maîtresse, mais pas régulièrement. D’ailleurs leurs mamans désirent  » qu’ils profitent des vacances pour prendre l’air « . Ils en profitent surtout pour vagabonder.

Quelques autres enfants viendraient bien à la garderie, mais ils avaient des frères ou des soeurs âgés seulement de quelques mois ou de 1 an, et la maîtresse ne pouvait réellement accepter la garde d’aussi petits enfants malgré son désir d’être utile à tous.
Enfin ceux qui ont 11 ou 12 ans ont été encouragés par la maîtresse elle-même à prendre part aux travaux des champs auprès de leurs parents autant qu’ils le peuvent.

Pendant les soirées du printemps et de l’été 1915-16-17, la maîtresse garde aussi souvent que les parents sont absents pour leurs travaux, les enfants qui étaient en classe le jour ; elle veille à l’étude des leçons, la préparation des devoirs.

Il en est de même fréquemment le jeudi, et aussi pendant les vacances de 1915-16-17. Ne faut-il pas que l’on s’aide et que les enfants soient surveillés pendant que les mamans sont aux champs.

Mentionnerai-je aussi une garderie d’un autre genre, mais utile aussi pendant que les voisines sont absorbées par les travaux du battage, de la fenaison de septembre, de la rentrée des récoltes, les troupeaux n’étaient pas aux champs, faute de bergère. Souvent l’institutrice et ses enfants sont allés dans la prairie, pendant ces vacances 1914-15-16-17, surveiller les troupeaux qui mangeaient paisiblement, et surveiller en même temps les enfants de 7 à 9 ans commis à leur garde et qui oubliaient les troupeaux pour jouer à l’aise dans cette belle prairie des bords de la Charente.

Vindelle, 25 septembre 1917

Guerre 1914-1918 :
l’école

1er août 1914, départ de l’instituteur.
L’institutrice assure le service, devient secrétaire de mairie, offre son aide à la municipalité, à tous.

Vacances scolaires. L’institutrice assure seule le service d’octobre 1914 à janvier 1915, puis une jeune intérimaire vient l’aider. L’institutrice fait faire des tricots pour les soldats , achète la laine, quête pour avoir l’argent nécessaire, enrôle pour le travail élèves, jeunes filles et mamans de la localité. Elle garde les enfants aussi souvent que les parents le désirent. En classe la fréquentation continue à être bonne ; mais les petits garçons quittent plus tôt l’école qu’ils n’en avaient l’habitude, parce qu’ils rendent des services aux champs.

Les enfants prennent part et font eux-mêmes les quêtes pour les journées organisées et prennent part aux oeuvres qui leur sont accessibles. En 1914 et 1915 leurs offrandes étaient spontanées et assez abondantes. Mais depuis elles sont bien plus modiques. Ce n’est pas indifférence ni égoïsme mais les peines dans chaque famille sont devenues plus vives, on souffre de la vie chère, tout cela explique la modicité des offrandes à l’époque présente.

L’école et les réfugiés. Les enfants Belges sont traités par leurs petits camarades français sur le pied d’égalité. Ils jouent gaiement avec eux, ils les font causer.

Il n’y a aucune distinction entre les uns et les autres.

L’école et le souvenir Un tableau commémoratif des morts pour la patrie contenant les noms des anciens élèves a été affiché et souvent les enfants s’inclinent en passant devant.

Le Noël du soldat – 1914. Une somme de 20 f 90 c a été recueillie, 21 f ont été envoyés pour cette oeuvre.

Le tricot. Le relevé du travail fait a été mentionné dans une fiche spéciale qui porte : linge du blessé en nature 680 f, en espèces 385 f. Total 1065 f. (Estimation en dessous de la valeur réelle). Tricot en nature 266 f.

Les journées. Le détail des collectes faites a été fourni sur une fiche spéciale dont le total peut se résumer ainsi : secours national 180 f pris par le Conseil municipal sur les fêtes publiques – Journée du 75 : 80 f ; journée serbe , 23 f ; journée du poilu : 68 f ; journée belge : 80 f ; les orphelins de guerre : 80 f, offre par les enfants de l’argent de leurs levées de prix ; les éprouvés : 13 f ; la ligue des enfants de France : 9 f ; ambulances automobiles : 80 f, don du Conseil municipal. Total général de ces différentes journées : plus de 500 f.

Vindelle le 25 septembre 1917.

Pendant la guerre :
marraine

L’école a un filleul depuis novembre 1915 : Mr Lecocq, soldat au 165e Rgt d’infanterie, 12e Cie, secteur postal 129. Il est originaire de Montauban où il a laissé sa femme et sa petite âgée de quelques mois en 1914. Il n’a jamais pu correspondre avec sa femme, ni avoir de ses nouvelles, excepté en juin 1917 qu’il a rencontré par hasard une rapatriée du Nord qui a pu lui parler de sa famille. Il n’a pas pu avoir la satisfaction de la savoir rapatriée elle-même.

Ses correspondances avec l’école sont régulières. Il est venu en permission : à Pâques 1916, en juin 1916, en novembre 1916, en février 1917, en juin 1917. Il a été reçu par les parents de grands élèves de l’école et par l’institutrice ; il a été accueilli pour y demeurer pendant ses permissions, par Monsieur Valtau, notabilité de Vindelle.

Les envois et les offrandes qu’on lui a fait assez nombreux au début ont diminué d’importance de plus en plus, et sont très peu de chose maintenant ; chacun se repose sur l’institutrice de ce soin, allèguant que chacun a « son soldat », et l’institutrice ne peut plus, réduite à elle seule, donner sans compter.

C’est regrettable car le filleul de l’école paraît intéressant ;

ses voyages et ses visites ici ont laissé d’excellents souvenirs, il a produit bonne impression chez tous.

Malheureusement, à mesure que les années passent et que les charges augmentent, les coeurs se ferment un peu plus chaque jour à la générosité. Espérons que notre pauvre filleul aura un jour le bonheur de retrouver sa famille saine et sauve.

Pendant cette guerre il a pris part au début des luttes de Verdun, fin de février 1916, malade, il fut évacué dans un hôpital. Retour au front en avril 1916, il est demeuré depuis ce temps sur le front de Belgique ; il a même été longtemps mis au dépôt divisionnaire à titre de cordonnier. Depuis 2 mois (août et septembre 1917) nous sommes sans nouvelles. A-t-il pris part à l’offensive de Flandre de août 1917 ? J’espère que des nouvelles viendront bientôt rassurer ses amis de Vindelle, car il y a laissé des amis qui s’intéressent fort à lui, et à tout ce qui peut lui arriver d’heureux, à condition qu’on ne leur parle pas de lui envoyer un mandat ou un colis.

Vindelle 25 septembre 1917